Objectif Nikon 24 mm f/3.5 PC-E Nikkor ED

Qualité de fabrication

Rien à dire, c'est du bon, du costaud, un peu comme les anciennes optiques AI/AIS. Excepté le paresoleil, qui lui est en plastique (dommage), tout le reste est en métal, verre, caoutchouc.

Qualité optique

LCPT (voir lexique)
La totale : verres ED, lentilles asphériques, traitement anti-reflet Nano Crystal, cet objectif est dans la lignée des dernières productions Nikon optimisées pour les capteurs numériques (14-24mm, 24-70mm, 105mm Macro VR etc...), c'est très très très bon jusque dans les angles et la résolution est supérieure à celle du capteur D3 et à la hauteur du capteur D3X.

Ergonomie

Pertinence du couplage décentrement-bascule sur un grand-angle ?
Après un certain nombre d'années passées à faire quelques milliers de photos d'architecture à la chambre 4x5, je ne me souviens pas avoir eu besoin de basculer l'objectif (65,75 ou 90mm) pour augmenter la profondeur de champ, ce problème se réglant de lui-même en diaphragmant, idem pour les photos de paysages. L'existence de cet objectif découle plus d'un positionnement de marketing pour concurrencer Canon, que d'une réelle demande des utilisateurs, qui se seraient contentés de la modernisation de l'ancien Nikkor PC 28mm (transmission électrique du diaphragme, puce électronique, angle de champ plus grand avec le passage à 24mm, optimisation optique pour les capteurs numériques) en conservant l'ancien mécanisme de décentrement qui était beaucoup plus naturel et intuitif que celui-ci (voir plus bas).

Justement, les Nikkor PCE 24mm et PCE 85mm sont deux objectifs de nature différente : le Nikkor PCE 24mm est un objectif de terrain alors que le Nikkor PCE 85mm est un objectif de studio ce qui signifie que les conditions d'utilisation ne sont pas les mêmes ; il ne faut pas oublier qu'en extérieur, le milieu de travail peut-être "hostile", froid, vent, bruit, poussière, pénombre, sont autant d'éléments perturbateurs qui ne facilitent pas l'utilisation d'un objectif compliqué et à l'ergonomie un peu spéciale. Au contraire, en studio, les conditions de travail sont un peu plus clémentes et on est un peu plus à l'aise pour les manipulations délicates d'autant que l'association décentrement-bascule est ici pertinente, voire indispensable pour la photographie d'objets avec un téléobjectif court comme le PCE 85mm.

D'ailleurs, regardons de plus près ces deux objectifs : ils sont montés sur le même socle et offrent les mêmes possibilités de décentrement (maxi = 11mm) et de bascule (angle maxi = 8 degrés), ce qui est beaucoup pour un 24mm et peu pour un 85mm. Nikon aurait dû différencier les 2 montures en fonction de l'utilisation respective de ces objectifs (encore une fois, ça sent le marketing...).

Utilisation

A l'utilisation on découvre que les axes de bascule et de décentrement sont antagonistes (on ne peut basculer et décentrer sur le même axe), par exemple après une bascule verticale il est souvent nécessaire de recadrer avec un décentrement vertical ce qui est impossible ici, sauf à retourner l'objectif en SAV pour le faire modifier. Autre conséquence, un décentrement vertical se fait avec une manette latérale et inversement, ce qui n'est pas du tout un geste naturel et intuitif comme l'était l'ancien mécanisme qui en prime indiquait le décentrement maximum en fonction de la rotation de la monture (petits chiffres peints en blanc tout autour de celle-ci).

Un point positif tout de même : cet objectif permet de réaliser LDDN (voir lexique) des vues panoramiques en deux prises décentrées latéralement comme ici (pied nécessaire et attention à ne pas décentrer à fond sous peine de vignetage sévère).

J'ai fait un rêve...

J'arrête là et je rêve d'un Nikkor PCE 24mm avec uniquement une commande de décentrement ou plus simplement d'un 24mm F2,8 voire F4, moderne et optimisé pour les boîtiers numériques, parfaitement rectilinéaire (ce qui n'est pas le cas de celui-là) destiné au redressement logiciel (voir ici). Je rêve aussi d'un boîtier qui enregistrerait le degré d'inclinaison verticale dans les métadonnées, cette mesure couplée à la distance de prise de vue faciliterait grandement le redressement de perspectives d'un logiciel dédié à ce travail.

Conclusion Si on vous offre cet objectif, ne le refusez pas ! si votre employeur vous l'achète, itou, mais ne cassez pas votre tirelire dans l'espoir de vous faire plaisir, vous seriez déçu...
Alternatives à Googler